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Cet hymne à la Gloire composé par un Saint-Cyrien qui trouvera la mort au champ d'honneur en 1915 se doit d'être connu par coeur par tout cyrard digne de ce nom.


Pour aussi magnifique et allégorique qu'il soit, l'origine du casoar blanc et rouge est pourtant un peu plus prosaïque : un cyrard en connaît l'histoire (l'explication en est donnée un peu plus bas) tout autant.


A Saint-Cyr, la connaissance des Traditions

n'exclut pas une solide culture historique.

École Spéciale Militaire de Saint-Cyr


Promotion Lieutenant Darthenay


Héritière des Traditions

= Traditions =


L’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr se caractérise par une identité forte et des traditions qui rythment la scolarité encore aujourd'hui.


Le calendrier : après la Bataille d'Austerlitz les Saint-Cyriens décidèrent d'adopter leur propre calendrier commençant en l'an 1805 et dont les mois sont désignés par une lettre du mot "Austerlitz". Ainsi le mois d'octobre est désigné par la lettre A, novembre par la lettre U, décembre par la lettre "S", janvier par la lettre "T", février par la lettre "E", mars par la lettre "R", avril par la lettre "L", mai par la lettre "I", juin par la lettre "T" et juillet par la lettre "Z". Les mois d'août et de septembre étaient des mois de permission, ils n'étaient donc pas comptés (ce qui n'est plus le cas depuis longtemps, la scolarité reprenant début septembre). Le 2 novembre 2017 correspond donc au "2U 212". Le "2S" qui est aujourd'hui devenu la fête des Saint-Cyriens correspond donc au 2 décembre, commémorant ainsi le souvenir de la victoire d'Austerlitz.


Le chant "La galette" est devenu le chant de tradition par execllence des Saint-Cyriens (dénommés cyrards dans le langage commun). Il remonte à 1845 lors de la mise en place d'un nouvel uniforme à l'école et dans l'Armée de manière générale. À l'origine, la galette, épaulette sans franges, était portée par les élèves mal classés au classement uniquement. Ces derniers tirèrent une réelle fierté de cet attribut, s'estimant "appelés à devenir de meilleurs officiers dans la troupe que les "forts en thème" de la tête du classement"8. Pour traduire ce mécontentement, la Promotion d'Isly (1843 - 1845) alors présente à l'école marquera son désaccord en adoptant un chant de Promotion faisant état de son mécontentement. Composé en 1845 par le lieutenant-colonel Pierre Léon Bouisset, membre de la Promotion. Il a été composé sur la musique des Puritains de Vincenzo Bellini.


Le Grand Carré est le gardien des Traditions au sein de la Promotion. A ce titre, il en organise toutes les activités, des plus solennelles... aux moins protocolaires. Placé sous l'autorité du Père Système, il comprend le Colonel des Gardes, le Commandant des Gardes et le Trésorier appelé KS. S'y ajoute par la suite le Secrétaire de Promotion dont le rôle sera prépondérant bien après le "Pékin de Bahut".


Plus prosaïquement, le Grand Carré correspond au BDE --Bureau Des Élèves - que l'on trouve dans la plupart des grandes écoles, servant notamment de lien avec l'encadrement. Mais sa spécificité tient à sa longévité liée à la disparition du dernier de ses membres, bien des lustres après la sortie de l'École.


Le Conseil des Fines : animant dans les aspects les plus variés la vie de la Promotion durant toute la scolarité au sein de la lande bretonne, le Grand Carré est épaulé par le Conseil des Fines. Le Conseil des Fines est composé de 12 élèves élus par leurs pairs. Il est responsables du maintien des Traditions et de la vie hors-service et plus particulièrement chargé de la formation des "Bazars" qui sont les jeunes élèves officiers d'active de première année. C'est ainsi que se perpétuent les traditions à Saint-Cyr, dans le strict respect de la légalité (le bizutage - bahutage en langage saint-cyrien - ayant été strictement encadré par l'article 14 de la loi du 17 juin 1998).


Les Voraces : c'est le sobriquet empreint d'ironie mais non dénué de respect donné par les cyrards à leurs officiers instructeurs. L'ensemble des "voraces" constitue la "Strasse", c'est à dire la hiérarchie du capitaine chef de section au général commandant les Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Par construction, un vorace n'oublie jamais qu'il a un jour été lui-aussi un élève officier d'active et un "bazar".


L'insigne de Promotion : en choisissant un parrain de Promotion (dans le cas présent le Lieutenant Darthenay), les élèves officiers s'attachent à créer un insigne de Promotion (appelé "pucelle" en jargon militaire).


Le chant de Promotion : de la même façon, ils se font un devoir et un honneur de composer un chant à la mémoire de leur parrain.


Ce ne sont là que quelques exemples du langage saint-cyrien.



Il est à noter qu'après leur sortie de l'École, la plupart des Promotions de Saint-Cyr finissent par adopter le statut d' associations de type Loi 1901 (cf. page Association), sans renoncer pour autant à la structure originelle. C'est cette dualité - le plus souvent parfaitement assumée - qui en fait toute l'originalité.


  

= La Promotion Lieutenant Darthenay =



Chaque année, au cours d'une cérémonie traditionnelle empreinte de solennité appelée le Baptême, la nouvelle Promotion reçoit, en présence des plus hautes autorités civiles et militaires, le nom qui sera le sien pour la postérité et auquel chaque Saint-Cyrien demeure très attaché sa vie durant. La Promotion Lieutenant Darthenay a été baptisée en juillet 1975.




"D'émouvantes cérémonies se sont déroulées hier aux écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan, sous la présidence de M. Yvon Bourges, ministre de la Défense. Tandis que les nouveaux officiers de la Promotion "Maréchal de Turenne" de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr célébraient leur Triomphe dans l'après-midi et recevaient, le soir, leur insigne de grade, les élèves du 2ème Bataillon de la 161ème Promotion échangeaient leur numéro contre un nom : "Lieutenant Darthenay". Ainsi, par la grâce du Baptême, les "hommes" qu'ils étaient en s'agenouillant devenaient, en se redressant, des officiers."



Journal Ouest-France, juillet 1975

Le chant "La galette" est ici interprété par la chorale

 de la Promotion Lieutenant Darthenay

Un artiste français contemporain des plus éminents a compris toute l'importance des Traditions et du cérémonial à Saint-Cyr

- Jean Cocteau -

Détail d'une affiche réalisée pour la cérémonie du Triomphe de Saint-Cyr, Promotion du Garigliano,

en 1951. Dessin de Jean Cocteau

= LE GRAND UNIFORME DE SAINT CYR =




Le 14 juillet sur les Champs Élysèes ou lors de cérémonies particulières, les Français sont toujours curieux d'admirer ce grand uniforme à aucun autre pareil porté par les seuls Elèves Officiers de l' École Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et par aucune autre École d'Élèves Officiers.


Voici son histoire...


C'est en fait l’uniforme de l’Infanterie de 1845 qui est l’ancêtre de l’actuel grand uniforme, plus souvent appelé « G.U. ». Pourquoi l’Infanterie ? Le Ministre de la Guerre de l’Empereur déclarait en 1803 que « les élèves doivent avoir les habits, la coiffure, l’équipement et l’armement de l’Infanterie de ligne. La majeure partie des élèves sera nécessairement placée dans cette Arme. »


Le PANTALON est en drap couleur garance, couleur des pantalons de l’Armée de 1845 à 1915. Il est à noter que le pantalon aurait dû au final être de la même couleur que la tunique : bleu roi. Cependant, les services de l’Armée laissèrent dérouler le contrat en vigueur avec les fournisseurs de drap garance…ce qui aboutit à l’abandon du pantalon bleu roi ! Aux couleurs de l’ESM, bleu ciel, la bande de commandement vient orner les côtés du pantalon garance.


Pour les Elèves féminins, admises à saint-Cyr depuis 1983, le pantalon est remplacé par une jupe garance avec pli creux sur le devant et bandes de commandement bleu ciel sur les côtés. Contrairement à leurs homologues masculins chaussés de bottines, elles portent des bottes.


Le CEINTURON est issu lui aussi de l’uniforme 1845, mais sa plaque comporte désormais la grenade de l’ESM, avec ses 9 flammes. Les Officiers Instructeurs portent le ceinturon en soie et cuir  à 2 plateaux du règlement de 1935.


La TUNIQUE ou vareuse était  à l'origine  bleu roi, dotée de 9 boutons, sur une, voire deux rangées, et portant les emblèmes de l’école (ESIM, ERSM, ESM…). Après 1870, elle s’assombrit peu à peu vers un bleu très foncé, le nombre de boutons variait, mais ils furent établis sur une seule rangée après 1894. Les boutons d’aujourd’hui sont au nombre de 6, et sont des boutons modèle 1871, portant le nom de l’Ecole sur le pourtour avec au centre la grenade à 9 flammes. La tunique comporte depuis l’origine des parements et le collet bleu ciel, couleur de l’ESM. Sur les manches apparaissent les grades, et celui d’aspirant se fixe définitivement à partir de 1959 : c’est le fameux alpha. Avec la réforme de 1983, apparaissent les Hongroises dorées de Sous-lieutenants, comme les portaient en 1914 les Sous-Lieutenants.  Les Alphas se portent également sur les fourreaux d'épaule bleu ciel sur la tenue terre de France, sur le pull ou la chemisette ou bien en basse visibilité sur le milieu de la poitrine en tenue de combat.


Sur le COLLET bleu ciel, à col fermé dit « col officier », la grenade est une reprise de la grenade écarlate portée par les grenadiers, qui étaient l'élite de l’Ecole, avant 1852. Elle est dorée brodée à la main en cannetille et portée par tous depuis 1852.


Les ÉPAULETTES écarlates ou vertes  qui étaient portées à l'origines étaient celles des grenadiers et des voltigeurs, mais elles ont été remplacées pour tous par celles de grenadiers, après 1852, ce qui entraîna un vent de révolte et l'écriture du chant  traditionnel « la galette ». Actuellement elles sont portées par les élèves de 1ère année ; ceux de seconde année portent les mêmes épaulettes mais entièrement or et depuis 1985, l’épaulette et la contre-épaulette dorées viennent orner le G U pour les Sous-Lieutenants (contre épaulette à gauche) et les Lieutenants (contre épaulette à droite) de 3ème année.


Le SHAKO remplace le chapeau en 1806. Sa taille, ses parements, sa forme varieront au fil des ans, selon les régimes. Mais le Shako et sa plaque tels que portés actuellement datent de 1887 :  la plaque reprend la grenade de l’ESM, soulignée dune banderole portant « École Spéciale Militaire » ( une réduction de cette plaque est portée comme insigne de béret). Avant elle, les plaques comportaient soit l’aigle impérial, soit le coq, soit les armes royales… Entre 1945 et 1949, les élèves portent le Casoar sur leur képi, bleu ciel à fond rouge, avec la hongroise dorée et le galon d’élite dorée de l’ESM. Le shako est remis en dotation avec le casoar le jour même de l'intégration : mais comme le jeune arrivant - supposé ignare de l'art militaire - n'a pas à en connaître, on lui précise au moment de la perception qu'il s'agit d'un "casque expérimental qui ne lui servira probablement jamais" !


Le CASOAR est la coiffe emblématique des élèves officiers de l' École Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Caprice de l' empereur (Napoléon III) qui, remplace en 1855 le pompon rouge de la tenue de service, que seuls les Sous-Officiers Instructeurs de l' ESM portent aujourd’hui. Voulu par le même Napoléon III pour faire plaisir à la Reine d’Angleterre Victoria lors de sa visite en 1855, le casoar qui était blanc,  arbore les couleurs de la maison de la Reine sur ces plumes de coq retombantes. Mais les Saint Cyriens n'apprécient guère ce qu'ils considèrent comme une provocation (nous sommes alors en pleine rivalité avec l'empire britannique qui culminera à Fachoda en 1898) et l'un d'entre eux écrira plus tard le poème « la Gloire ». Ainsi ce ne furent plus les couleurs de la "perfide Albion", mais bien les plumes de la Gloire tachées du plus noble des sacrifices : celui du sang qui sera versé par plus de 10 000 Saint Cyriens que représentent les plumes rouges. « plumes blanches de pureté, plumes rouges du sang versé ».


Le casoar est composé de 85 plumes d'oie, 65 blanches et 20 rouges. Elles sont triées par tailles et assemblées de manière à retomber harmonieusement sur une longueur de 14,5 cms pour les plumes les plus courtes et 21,5 pour les plus longues pour obtenir un dégradé plongeant parfait. L’extrémité des plumes est ensuite taillée au ciseau pour obtenir une finale arrondie du plus bel effet. Le casoar est ensuite passé à la vapeur pour lui donner sa forme tombante définitive. Cette confection très minutieuse nécessite environ 4 heures de travail par des mains expertes (de l'atelier ABILIS de Coëtquidan en charge de la confection des shakos et casoars de l’école spéciale militaire de Saint- Cyr). Ces plumets (casoars)  haut de gamme sont remis par les Élèves-officiers de 2ème année aux "jeunes" (ou bazars) 1ère année au moment de la cérémonie nocturne de la remise du sabre et du casoar. Pour ne pas abîmer ces plumets quand on les enlève du shako, des boîtes spéciales (tubes en carton dur) sont également créées dans l'atelier du maître bottier. Le talent de Monsieur Christophe Hercelin, directeur général de Abilis, est tel qu'il dépasse les frontières. Il a refait tous les plumets des Carabiniers de Monaco à l'occasion du mariage princier. Ses créations coiffent aussi la Garde Républicaine. Chaque année, ce sont 200 casoars qui naissent entre les mains des ouvrières et qui défilent avec panache lors du Triomphe ou le 14 juillet sur les Champs Elysées.

  

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Le Grand Carré historique de la Promotion Lieutenant Darthenay, comprenant de gauche à droite : le Père Système (Dominique Trinquand), le Colonel des Gardes (Alain Poncet), le KS ou trésoriet (Bertrand Boganda ) et le Commandant des Gardes (Thierry Brac de la Perrière). Il sera rapidement complété par le Secrétaire Promo (Gérard Lacroix).

Insigne de Promotion : de gueules à la France d'or, chargé à dextre d'une épée d'argent la pointe en haut bordée de l'inscription "Lt Darthenay" en lettres d'or, A la croix de guerre en pointe, chargée en quatre de deux pals d'or le premier mouvant de la pointe, Brochant sur le tout un buste de sable, et timbré à senestre d'un casoar d'argent et de gueules.

Pochette du disque 33T "Debout les Officiers"

enregistré par la chorale de la Promotion

à Paris en 1976 chez Decca

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La Gloire



Voulant voir si l'école était bien digne d'elle,


La Gloire un jour du ciel descendit à Saint-Cyr,


On l'y connaissait bien,


Ce fut avec plaisir que les Saint-Cyriens


reçurent l'Immortelle.


 


Après trois jours de fête, avant de repartir,


la Gloire voulant à tous laisser un souvenir,


fixa sur leur shakos des plumes de son aile.


 


Ils portèrent longtemps ce plumet radieux,


mais un soir de combat, près de fermer les yeux,


un Saint-Cyrien mourant le mit sur sa blessure


afin de lui donner le baptême du sang.


 


Et depuis nous portons admirable parure,


sur nos shakos bleus le plumet rouge et blanc.


 




                        Élève Officier Rollin


                        Promotion Sud-Oranais (1902-1904)




  

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